Le mix énergétique en France et dans le monde

On parle régulièrement du mix énergétique en France et dans le monde lorsqu'on aborde la répartition de nos moyens de production ou de notre consommation énergétique. Mais quelle est la définition précise de ce mix énergétique ? Parle-t-on de mix énergétique ou de mix électrique ? De consommation primaire ou de consommation finale ? Et à quoi ressemble ce mix énergétique aujourd'hui ? elmy vous explique tout !

Pourquoi parle-t-on de mix énergétique en France et dans le monde ?

Une définition du mix énergétique

On parle de mix énergétique pour désigner, pour une zone géographique et une période données, la répartition de la consommation brute d’énergie entre ses différentes sources d’approvisionnement. On parle également de bouquet énergétique.

Dans la lecture du mix énergétique, ce sont les énergies primaires qui sont considérées. C’est-à-dire les énergies disponibles telles quelles dans l’environnement, sans exploitation, ni transformation, ni importation. Ainsi le pétrole brut est une énergie primaire, tandis que l’électricité est une énergie secondaire.

À noter que tous les secteurs de consommation sont pris en considération dans le mix énergétique : résidentiel, commerce, transports, industrie. Et donc même les secteurs industriels dédiés à la transformation d’énergie primaire en énergie secondaire.

D’autres lectures du mix énergétique

Le mix énergétique peut être lu à une échelle mondiale ou à l’échelle d’un continent, d’un pays voire même d’une région. L’occasion souvent de comparer les différences importantes de mix énergétique entre 2 zones géographiques.

Le bouquet énergétique peut également être vu à travers le prisme d’un secteur en particulier. Il est par exemple possible d’identifier la répartition de la consommation d’énergie primaire au sein du seul secteur résidentiel.

Par extension, et de manière impropre, on parle aussi de mix énergétique pour désigner la répartition de la production d’énergie par types d’énergies.

Consommation primaire vs. consommation finale

Nous l’avons vu, le mix énergétique considère de base les volumes d’énergie primaire bruts, c’est-à-dire l’intégralité de l’énergie primaire consommée. Il arrive cependant parfois de lire à travers le mix énergétique la répartition de la consommation d’énergie finale.

Quand on parle de consommation d’énergie finale, on parle de l’énergie prête à l’emploi pour les consommateurs finaux, pour couvrir nos besoins énergétiques quotidiens. Qu’il s’agisse directement de l’énergie consommée pour notre usage domestique ou indirectement utilisée dans la production des services et des biens que nous consommons.

L'énergie finale est celle utilisée pour couvrir directement nos besoins

Prenons l’exemple du gaz fossile, qui constitue une énergie primaire présente dans les sous-sols. Celui-ci est extrait, purifié et acheminé jusqu’à son lieu d’utilisation : chacune de ces étapes requièrent elles-mêmes de l’énergie. Il y a donc une perte d’énergie primaire.

Si ce gaz exploitable est directement utilisé par un consommateur final, comme un particulier qui veut couvrir ses besoins énergétiques (se chauffer, cuire ses aliments, etc.), alors on parle bien ici d’énergie finale. S’il est utilisé par un consommateur intermédiaire, comme une centrale à gaz avec une production d’électricité, alors ce gaz n’est pas compté en tant qu’énergie finale. Contrairement à l’électricité produite par cette centrale.

Bref, l’énergie finale est celle qui satisfait nos besoins. Comme l’essence que l’on dépense en voiture ou l’électricité que l’on consomme chez soi. Elle ne prend pas en compte l’énergie consommée pour transformer nos ressources énergétiques en énergies secondaires, comme le charbon ou le gaz naturel utilisés par les centrales à combustion pour produire de l’électricité.

Pour résumer, la consommation d’énergie finale correspond à la consommation d’énergie primaire, moins l’énergie consommée pour transformer l’énergie primaire en énergie secondaire.

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Pour résumer, la consommation d’énergie finale correspond à la consommation d’énergie primaire, moins l’énergie consommée pour transformer l’énergie primaire en énergie secondaire. Icon svg

Des mix énergétiques très différents d’un pays à l’autre

Assez logiquement, le mix énergétique peut être très différent d’un pays à l’autre. Parce qu’il prend en compte les volumes d’énergie primaire, chaque mix énergétique s’appuie sur les ressources naturelles d’une zone géographique donnée.

Certains pays vont par exemple disposer d’importants gisements de pétrole ou de gaz naturel, qui vont concentrer le mix énergétique autour de ces énergies fossiles. D’autres bénéficient d’un rayonnement solaire plus important, à même de faire grossir la part du solaire photovoltaïque dans le mix énergétique.

Il est cependant important de distinguer les gisements exploitables d’une ressource et le nombre de centrales installées exploitant effectivement cette ressource. Par exemple le gisement solaire d’une région dépend simplement de la quantité de soleil reçue. En revanche, le mix énergétique ne prend en compte que la part exploitée par parc solaire installé. L’exemple de la France souligne cette distinction entre gisement et mix énergétique.  En effet, si la France ne dispose d’aucun gisement de pétrole conventionnel, le pétrole occupe pourtant une place importante de notre mix énergétique.

Au-delà de la question des ressources naturelles, la composition du mix énergétique dépend également des choix politiques d’un pays. Notamment pour asseoir une volonté de transition énergétique, afin de réduire la part des énergies fossiles dans le mix énergétique, au profit des énergies renouvelables (EnR).

Par exemple, la France et l’Allemagne disposent d’un cadre légal favorable au développement de l’énergie solaire photovoltaïque. Émanant des gouvernements, des aides et des actions incitatives ont augmenté la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique français.

Garder la main sur son mix énergétique, c’est aussi assurer une diversification des sources d’énergie pour limiter sa dépendance à certaines d’entre elles. C’est vrai pour les sources d’énergie non renouvelables, qu’il convient de remplacer avant qu’elles ne fassent défaut. Mais c’est aussi vrai pour certaines énergies renouvelables. Pour pallier leur intermittence et leur variabilité, un effet de foisonnement est nécessaire. C’est-à-dire assurer un mix équilibré des sources d’énergie renouvelable et des implantations géographiques.

Le foisonnement des énergies renouvelables permet de renforcer leur part dans notre mix énergétique

Quelle différence entre mix électrique et mix énergétique ?

Mix énergétique et mix électrique sont deux notions bien distinctes. Alors que le mix énergétique dresse un portrait global de notre consommation énergétique, le mix électrique tend plus précisément à indiquer les sources d’énergie utilisées pour la production d’électricité que nous consommons.

Cette distinction est importante pour deux raisons. Tout d’abord parce que, comme nous l’avons vu, l’électricité est une énergie secondaire. À ce titre, elle n’est pas prise en compte dans l’acception classique du mix énergétique, qui ne considère que les consommations d’énergie primaire.
Ensuite parce que l’électricité ne constitue qu’une petite part de l’énergie finale consommée. Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’électricité représente environ 20% de l’énergie finale consommée dans le monde, et presque 25% en France1.

Quel mix de production électrique pour la France en 2050 ?

En 2015, la France a promulgué la loi n°2015-992, relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Ainsi elle s’est engagée à faire évoluer et à diversifier son mix énergétique, en vue de s’inscrire concrètement dans une transition énergétique dans les décennies à venir.

Pour piloter cette politique énergétique, ont été créées les Programmations pluriannuelles de l’énergie (PPE)2. Il s’agit de documents stratégiques qui fixent la trajectoire du mix énergétique français. Mais quels sont les chantiers prioritaires identifiés pour diversifier le mix énergétique ?

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Pour diversifier le mix énergétique, assurer la sécurité d’approvisionnement et la compétitivité, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe les priorités d’action de la politique énergétique du Gouvernement pour les dix prochaines années. Icon svg

Ministère de la Transition écologique et solidaire,

Diversifier notre mix énergétique en développant les énergies renouvelables

L’objectif est de continuer à encourager les énergies renouvelables (EnR) pour augmenter la part de la production d’électricité verte, de chaleur et de carburants.

  • Les sites renouvelables installés devraient doubler entre 2017 et 2028 ;
  • La production de chaleur devrait augmenter de 40 à 60% en 2028 ;
  • La part du biogaz devrait passer à 6 à 8 % de la consommation de gaz en 2028.

Diversifier notre mix énergétique en réduisant la part du nucléaire

Essentielle aujourd’hui pour satisfaire les besoins énergétiques de la France, l‘énergie nucléaire, bien que décarbonée, pose pourtant plusieurs problèmes. Tout d’abord elle repose sur une énergie primaire non renouvelable : l’uranium. Elle est également source de déchets radioactifs.

Enfin, le mix français actuel pose la question de notre dépendance au nucléaire. Une question d’autant plus débattue avec la crise de l’énergie que nous traversons : un point bas historique de disponibilité nucléaire ayant été atteint lors de l’hiver 2022-2023. C’est pourquoi les PPE envisagent de passer la part du nucléaire dans le mix électrique de 71 à 50 % d’ici 2035.

La vidéo du Gouvernement sur ses engagements à propos du mix énergétique

Diversifier notre mix énergétique en réduisant l’usage des énergies fossiles

C’est le nœud du problème. Car les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel) sont les plus polluantes et les plus grosses émettrices de gaz à effet de serre. C’est pour cette raison que la France prévoit :

  • de sortir du chauffage au charbon pour les particuliers et du charbon dans les réseaux de chaleur d’ici 2025 ;
  • de mettre fin au charbon dans l’industrie d’ici 2030 (hors sidérurgie).

À quoi ressemble le mix énergétique en France ?

À quoi ressemble mix énergétique en France ? Quelle est la source d’énergie la plus utilisée en France ?

Selon le bilan énergétique 2020 de RTE3, L’énergie primaire la plus consommée demeure le nucléaire, avec environ 1 028 térawatt-heure (TWh), suivi du pétrole avec environ 722 TWh, puis du gaz naturel avec environ 406 TWh. Les énergies renouvelables (EnR) n’arrivent qu’en 4e position, avec environ 332 TWh au total, bien devant le charbon et ses 64 TWh.

Sans surprise, le nucléaire demeure l'énergie primaire la plus consommée en France

Si on regarde d’un peu plus près les énergies renouvelables au sein de ce bilan énergétique, on constate que la biomasse solide, c’est-à-dire très principalement le bois énergie, représente 4,4 % du mix énergétique. Suit l’énergie hydraulique et ses 2,4 %.

À quoi ressemble le mix énergétique mondial ?

Ce qui frappe en premier en regardant le bilan énergétique mondial, est la différence entre la part du nucléaire dans le mix énergétique français et mondial. La consommation d’énergie nucléaire primaire repose seulement à 5% à l’échelle mondiale4, contre 40% à l’échelle française. À l’inverse, la part de charbon représente environ 27% de la consommation primaire totale dans le monde, contre seulement 2,5% de la consommation primaire totale en France.

En revanche, on constate que la proportion de pétrole et la part des énergies renouvelables restent à peu près équivalentes entre mix français et mondial.