Qu'est-ce que c'est, la maîtrise de la demande en énergie ?

La maîtrise de la demande en énergie (MDE) est un axe majeur de la transition énergétique. Regroupant les notions d’efficacité énergétique et de sobriété énergétique, elle définit l’ensemble des mesures d’économies d’énergie mises en place du côté du consommateur.

Une définition de la maîtrise de la demande en énergie (MDE)

La maîtrise de la demande en énergie (MDE), également appelé Maîtrise de l’Énergie, consiste à mettre en œuvre des actions d’économies d’énergie au niveau du consommateur final. Elle tend donc à réduire notre consommation d’énergie en agissant sur la demande plutôt que sur l’offre.

Les 2 piliers de la maîtrise de la demande en énergie (MDE)

La maîtrise de la demande en énergie repose sur deux piliers complémentaires, vecteurs d’économies d’énergie : l’efficacité énergétique et la sobriété énergétique. Ces deux piliers constituent des enjeux phares de la transition énergétique, avec le développement des énergies renouvelables.

L’efficacité énergétique

Ce premier pan de la maîtrise de la demande en énergie (MDE) vise à consommer moins d’énergie, tout en conservant le même niveau de service. Dit autrement, pour un même résultat, avec le même confort d’utilisation, il s’agit de réduire sa consommation d’énergie par rapport à la situation initiale. Une machine à laver ou un frigo moins énergivores tendent à améliorer l’efficacité énergétique d’un foyer, et ce pour un même usage.

On peut classer les actions d’efficacité énergétique dans 3 catégories :

L'isolation des fenêtres, un levier d'efficacité énergétique. @Tiana, Pexels

L’efficacité énergétique passive
Elle concerne la structure des bâtiments, et plus largement les équipements qui les occupent. En clair il s’agit de la performance énergétique de notre isolation et de nos équipements (chauffage, climatisation, éclairage, …).

Des travaux d’économies d’énergie permettent de gagner en efficacité énergétique. C’est par exemple le cas lorsque l’on change ses fenêtres à simple vitrage pour des fenêtres à double vitrage. Il s’agit d’une opération d’efficacité énergétique passive.

L’efficacité énergétique active
Elle a pour but d’optimiser la performance énergétique d’équipements existants, de manière automatisée et personnalisée par rapport à l’usage qui en est fait.

Par exemple, gagner en efficacité énergétique active se révèle pertinent en hiver, lorsque quelqu’un a l’habitude laisser son chauffage à la puissance maximale toute la saison. Un thermostat intelligent permettrait d’optimiser la puissance de ce chauffage en fonction des heures de présence et d’absence dans le logement.

Le comportement des utilisateurs
Au-delà des équipements, c’est le comportement des utilisateurs qui peut permettre de réduire notre consommation d’énergie, tout en préservant le même usage et le même confort.

Prenons un exemple simple. Si vous installez votre four à côté de votre réfrigérateur, ce-dernier consommera davantage d’énergie pour maintenir sa température. Un travail de réagencement permet donc, sans changer d’équipement, de gagner en efficacité énergétique.

La sobriété énergétique

Ce second pan de la maîtrise de l’énergie ou MDE consiste à réduire nos consommations d’énergie en changeant, de manière volontaire, nos modes de vie individuels et collectifs.

Imaginez : votre sèche-linge rend l’âme. Si vous décidez d’acheter un nouveau modèle moins énergivore, mais tout aussi efficace, vous gagnez en efficacité énergétique. Mais si finalement vous vous rendez compte qu’un simple étendoir à linge suffit, alors vous vous engagez dans une démarche de sobriété énergétique.

Quels sont les enjeux de la maîtrise de la demande en énergie en France ?

Les enjeux de la MDE liés à l’environnement

La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC)1 est une feuille de route définie par la France en 2015 pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Elle fait de la réduction de nos consommations d’énergie l’un de ses axes majeurs. Ce qui passe par des actions en faveur de l’efficacité énergétique et de la sobriété énergétique :

  • La rénovation énergétique de 700 000 logements par an à long terme ;
  • Un gain de consommation énergétique unitaire de 15 à 60% des équipements ;
  • Des mesures d’incitation des ménages à mieux et moins consommer ;
  • Baisser en moyenne d’1°C en moyenne la température des systèmes de chauffage, en soutenant les technologies intelligentes de pilotage.

Les enjeux de la MDE liés aux ménages

Ces 10 dernières années, le prix de l’électricité hors taxes n’a cessé d’augmenter. Avec la reprise économique post-Covid et la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie a enfoncé le clou. Fin août 2022, le mégawattheure d’électricité pour l’hiver s’échangeait à 1 600 € sur les marchés, conte 90 € fin août 2021, soit presque 20 fois plus cher !

Malgré le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement français, les factures d’énergie pèsent de plus en plus lourd sur le budget des ménages français. En particulier auprès des foyers les plus modestes, parfois en situation de « précarité énergétique ». C’est-à-dire une situation de difficulté ou d’incapacité à couvrir ses besoins élémentaires en énergie. Au-delà de la question du prix de l’énergie, la précarité énergétique est aussi la conséquence d’un habitat très peu efficace sur le plan énergétique ; ce que l’on appelle communément une « passoire thermique ».

Face au besoin impérieux de maîtriser notre demande en énergie, le gouvernement a mis en place en 2022 un « plan sobriété énergétique »2. Celui-ci vise une réduction de la consommation d’énergie des Français de 10% entre 2019 et 2024. La sobriété énergétique et l’efficacité énergétique constituent 2 piliers majeurs de ce plan.

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Nous nous sommes fixés un objectif : baisser de 10% notre consommation d’ici 2024. État, entreprises, collectivités, citoyens, nous devons tous y prendre part. Icon svg

Élisabeth Borne,
Première ministre

Les enjeux de la MDE liés au réseau électrique

Au-delà de l’impact financier soulevé par cette crise, c’est le réseau électrique français lui-même qui est impacté par ces problèmes de maîtrise de la demande en énergie. Puisque la consommation d’électricité augmente en hiver, les risques de tensions, voire de coupures, sont plus fréquents. Plus que jamais, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) œuvre à sécuriser l’approvisionnement en électricité de l’ensemble des Français.

C’est notamment pourquoi il a décidé, en collaboration avec l’ADEME, de mettre à contribution l’ensemble des consommateurs au travers d’ÉcoWatt. Un système d’alertes SMS et mail, pour rester informé(e) des pics de consommation énergétique sur le réseau. Ce service a été lancé en hiver 2022 mais a été fortement renforcé et popularisé à l’occasion de l’hiver 2023. ÉcoWatt est l’occasion de décaler certains usages domestiques, comme le lave-vaisselle ou la machine à laver, à un moment plus propice.

Les enjeux de la MDE liés aux fournisseurs d’énergie

Les objectifs nationaux de réduction de nos consommations d’énergie impliquent des obligations réglementaires pour les énergéticiens, tenus d’inciter leurs clients à réaliser des économies d’énergie.

Dans ce sens, le dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE) est l’un des leviers majeurs de la politique de maîtrise de la demande en énergie. Au-delà d’un certain nombre de clients, les fournisseurs d’énergie doivent rendre compte d’un volume défini d’économies d’énergie proportionnel au volume d’énergie qu’ils commercialisent. Soit en amenant directement leurs clients à réaliser des travaux d’économies d’énergie, soit en achetant des Certificats d’Économies d’Énergie auprès d’acteurs tiers habilités à financer ces travaux.

Au-delà de cette contribution concrète aux travaux d’économies d’énergie, les fournisseurs ont un rôle majeur à jouer dans la sensibilisation aux enjeux de la transition énergétique et de la maîtrise de la demande en énergie. Le principe des CEE incite en effet les fournisseurs à promouvoir l’efficacité et la sobriété énergétique. De dispenser des écogestes à leurs clients pour réduire leurs consommations d’énergie. Bref, de s’aligner sur ce mantra désormais répandu : « L’énergie la moins chère, c’est celle que l’on ne consomme pas ».