Qu'est-ce que l'efficacité énergétique ?

L’efficacité énergétique est la capacité à réduire les besoins en énergie d’un équipement, d’un service ou d’un lieu, tout en assurant un même niveau de service rendu. En permettant ainsi de réduire les coûts économiques et environnementaux, l’efficacité énergétique constitue un axe fort de la transition énergétique.

Efficacité énergétique, de quoi parle-t-on ?

L’efficacité énergétique, avant tout une notion de physique et d’ingénierie mécanique

L’efficacité énergétique est avant tout une notion liée à la thermodynamique ; c’est-à-dire le domaine qui étudie l’interaction entre les phénomènes mécaniques et thermiques.

L’efficacité énergétique, ou efficacité thermodynamique, désigne alors le rapport entre l’énergie utilisée pour faire fonctionner une machine et l’énergie que cette machine peut produire. Elle s’exprime par un chiffre compris entre 0 et 1 ou un pourcentage de 0 à 100%. À noter qu‘une efficacité énergétique de 1 ou de 100% est impossible à atteindre. Un système ne pouvant pas restituer 100% de l’énergie utilisée pour le faire fonctionner, selon le second principe de la thermodynamique.

L’efficacité énergétique, aujourd’hui surtout une notion économique et environnementale

Désormais, l’efficacité énergétique désigne plus communément la capacité à minimiser la consommation d’énergie d’un système pour un même service rendu. elmy vous en dit plus.

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La sobriété énergétique, c'est réduire sa consommation en évitant d'allumer une ampoule. L'efficacité énergétique, c'est s'équiper d'une ampoule basse consommation et faire des économies d'énergie pour un même usage. Icon svg

À noter que sobriété énergétique et efficacité énergétique sont les deux piliers complémentaires de ce que l’on appelle la maîtrise de la demande en énergie (MDE).

On parle parfois d’efficience énergétique pour désigner l’efficacité énergétique. Cependant pour être exhaustif, on peut relever une nuance entre les deux terminologies. L’efficacité énergétique s’attarde sur le résultat attendu en fonction de l’objectif d’économies d’énergie que l’on s’est fixé. De son côté, l’efficience énergétique désigne l’optimisation des ressources et des moyens utilisés pour atteindre cette économie d’énergie.

Concrètement, à quoi sert l’efficacité énergétique ?

Dans les années 70, l’efficience énergétique constituait avant tout une opportunité économique. L’occasion pour l’industrie de réduire fortement ses coûts, en réduisant ses besoins en énergie tout en maintenant son niveau de production.

Une notion qui fait sens aussi pour le particulier aujourd’hui. Par exemple un logement avec un diagnostic de performance énergétique (DPE) étiquette A est en principe l’occasion d’économies substantielles sur une facture d’énergie, par rapport à un logement mal isolé.

Par extension, l’efficacité énergétique permet davantage d’équité sociale. Elle permet en effet à tout à chacun de pouvoir plus facilement couvrir ses besoins primaires en énergie : pour se chauffer, se déplacer, etc. En cela, l’efficience énergétique est l’une des réponses à la précarité énergétique.

Enfin, l’efficacité énergétique permet de réduire notre empreinte carbone. Par exemple une voiture avec un niveau d’émission de CO2 niveau A (inférieure ou égale à 100g/km) peut parcourir 100 km avec une empreinte carbone bien moindre qu’une voiture plus polluante. En ce sens, on associe souvent l’efficience énergétique à la notion de performance environnementale.

Les principaux domaines concernés par l’efficacité énergétique

L’efficacité énergétique dans le bâtiment

Selon le Ministère de la Transition énergétique, 44% de l’énergie que nous consommons en France concerne le secteur du bâtiment1. Ce qui représente 123 millions de tonnes de CO2. À noter également que les postes de dépenses liés au logement représentent 30% du budget des ménages français.

Face à de tels chiffres, il est d’autant plus dommage de constater qu’une grande partie de l’énergie consommée par nos bâtiments est gaspillée. C’est par exemple le cas des fameuses « passoires thermiques ou énergétiques », ces bâtiments beaucoup trop énergivores à cause de leur mauvaise isolation.

Sans surprise, le bâtiment est donc un secteur prioritaire en matière d’efficacité énergétique. Pour cela, la politique énergétique de la France s’articule autour de 4 axes principaux :

La réglementation
L’objectif est simple : légiférer en vue de réduire fortement la consommation d’énergie du parc bâti neuf et existant. Cela passe notamment par une interdiction progressive de produits ou de pratiques qui vont à l’encontre de la performance énergétique. Ainsi la France entend favoriser l’accès au logement en maîtrisant davantage le montant des loyers et des charges.

La sensibilisation
La prise de conscience et l’engagement citoyen sont essentiels pour améliorer l’efficacité énergétique dans le bâtiment. Pour cela, il convient de fournir davantage d’informations aux usagers sur leur consommation d’énergie et sur la performance énergétique de leur logement ou de leurs locaux. Promouvoir des écogestes constitue une autre action de sensibilisation.

L’incitation
Depuis plusieurs années, l’État encourage les Français à privilégier la construction de bâtiments basse consommation et la rénovation énergétique des bâtiments existants. Pour cela, des aides permettent aux ménages de financer leur travaux et de privilégier des matériaux favorisant l’efficacité énergétique.

La recherche
La France entend participer activement à la recherche des matériaux et des techniques de demain en matière d’efficacité énergétique des bâtiments.

L’efficacité énergétique dans les transports

En 2019, les transports représentent 32% de l’énergie consommée en France2 et 31% des émissions de gaz à effet de serre3, selon Ministère de la Transition énergétique.

Dans une démarche de transition énergétique, il est donc essentiel que le secteur du transport gagne en efficience énergétique. Aussi bien lorsque l’on parle du transport de marchandises que des transports en commun ou individuels. Une démarche globale qui doit s’articuler autour de différents leviers :

Vers plus d'intermodalité des transports ? Unsplash, Ross Sneddon

De nouvelles façons de se déplacer
L’idée ici est d’envisager une intermodalité des transports. Du côté des marchandises par exemple, il s’agit de préférer aux trajets « tout routiers » des trajets combinés rail-route ou fluvial-route. Du côté des usagers, il s’agit par exemple de mieux connecter les transports doux comme le vélo aux gares ou aux stations de métro.

De nouveaux moteurs
Voilà le nerf de la guerre pour les transports ! Les innovations technologiques n’ont cessé d’améliorer l’efficacité énergétique des moteurs. Qu’il s’agisse de modèles thermiques, ou plus encore de moteurs hybrides et électriques.

De nouveaux carburants
Les carburants font aussi l’objet de travaux d’efficience énergétique. Certains d’entre eux ont été conçus pour assurer une meilleure protection du moteur et une diminution de la consommation. Quant aux biocarburants, ils tendent à réduire l’usage de ressources fossiles tout en maintenant le niveau d’énergie nécessaire pour une distance donnée.

De nouveaux systèmes d’aide à la conduite
Les constructeurs redoublent d’innovations technologiques pour permettre aux conducteurs de gagner en efficacité énergétique. Qu’il s’agisse de régulateurs de vitesse intelligents ou de systèmes de vitesse adaptée. Ou encore des GPS, désormais contraints à indiquer des itinéraires qui consomment moins. On parle généralement de systèmes de transport intelligents (STI).

À noter enfin que de nombreux autres éléments constitutifs des transports peuvent faire l’objet d’avancées technologiques en faveur de l’efficacité énergétique. Les pneus ou l’aérodynamisme d’un véhicule jouent par exemple un rôle non négligeable dans sa capacité à gagner en efficience énergétique.

L’efficacité énergétique dans l’industrie

Le secteur de l’industrie constitue une part importante de la consommation d’énergie en France, bien que dans une moindre mesure que le bâtiment et le transport. Selon le Commissariat général au développement durable, l’industrie manufacturière française représente environ 20 % de cette consommation totale et 30 % de la consommation d’électricité en France. Et l’efficacité énergétique pourrait représenter 20 % pour un même niveau de production.

Le potentiel de l’efficience énergétique a été compris par l‘industrie française depuis plusieurs années. Et pour cause, puisque l’efficacité énergétique répond à la fois à un objectif de compétitivité, de limitation des coûts de l’énergie et surtout de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Notons également que l’efficacité énergétique contribue à assoir une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). L’occasion pour de plus en plus d’industriels de faire montre de leurs engagements en faveur du développement durable.

Parce que l’efficience énergétique est un enjeu transversal à toute l’industrie, l’ensemble des acteurs du secteur semble aujourd’hui avoir intégré cette problématique4. Qu’ils s’agisse :

  • des fédérations (Fieec, FIM, etc.) ;
  • des syndicats professionnels (Gimélec, Uniclima) ;
  • des associations (Atee, etc.) ;
  • des centres techniques (Cetim, Cetiat, etc.) ;
  • des pôles de compétitivité ou encore d’organismes publics (Ademe, AFD, etc.).

Tous mutualisent leurs réflexions et leurs travaux en matière d’efficacité énergétique pour faire avancer le secteur de l’industrie dans le bon sens.

Les mesures des politiques publiques en faveur de l’efficacité énergétique

Historique des mesures européennes sur l’efficacité énergétique

C’est à la fin des années 90 que la Commission européenne s’est emparée fortement du sujet de l’efficacité énergétique. Des premières pistes de réflexion concrétisées en 2005 au travers d’un livre vert sur l’efficacité énergétique, puis au travers d’un Fonds mondial pour la promotion de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables (Geeref) en 2006.

En 2010, le « paquet climat-énergie » intègre un objectif, revu en 2014, de 27% d’efficacité énergétique d’ici 2030. Ce plan d’action s’appuie sur plusieurs directives fortes :

Une directive sur la performance énergétique des bâtiments
Elle prévoit que les constructions après 2020 se rapprochent d’une consommation d’énergie quasiment nulle.

Une directive sur l’étiquetage énergétique
Elle intègre les nouvelles classes A+, A++ et A+++ et élargit le champ des équipements concernés : téléviseurs, chauffe-eau, etc.

Une directive sur l’efficacité énergétique (DEE)
Elle définit à titre indicatif des objectifs non contraignants pour l’ensemble de l’Union européenne. L’article 7 fixe par exemple un objectif d’efficacité énergétique à hauteur de 1,5% par an pour l’ensemble des ventes d’énergie (hors transports). Tandis que l’article 5 définit un objectif de 3% de rénovation annuelle des bâtiments de l’État ; et plus globalement un objectif de réduction des consommations du parc bâti existant.

Notons également que cette directive tend à généraliser plusieurs pratiques :

  • les audits énergétiques des entreprises de plus de 250 salariés, pour identifier les leviers d’économies d’énergie des gros consommateurs professionnels ;
  • la transparence des factures d’énergie, pour encourager les économies d’énergie des consommateurs ;
  • le soutien à la cogénération, c’est-à-dire les centrales de production à même de produire deux formes d’énergie de manière simultanée.

Historique des mesures françaises sur l’efficacité énergétique

Le programme national d’amélioration de l’efficacité énergétique (PNAEE)

C’est en 2000 que le gouvernement français présente une première mesure concrète en faveur de l’efficience énergétique. Il s’agit du programme national de d’amélioration de l’efficacité énergétique (PNAEE). Un plan d’action qui :

  • insiste sur une meilleur organisation des transports urbains ;
  • encourage l’achat de véhicules propres et le fret ferroviaire ;
  • entend améliorer la qualité thermique des habitations ;
  • favorise les économies d’énergie des bâtiments et des entreprises.

Les mesures de la loi Grenelle II en faveur de l’efficacité énergétique
En 2010, la loi Grenelle II, comme sa prédécesseur, vise à acter les engagements pris lors des rencontres politiques du Grenelle de l’environnement en 2007. Ainsi plusieurs mesures s’attellent à la question de l’efficience énergétique :

  • Une étude de faisabilité énergétique devient obligatoire pour toute demande de permis de construire pour un bâtiment de plus de 1000 m² ;
  • Le diagnostic de performance énergétique voit son rôle renforcé. Il doit être fourni dès la mise en vente ou en location ; devenant ainsi un véritable critère de choix immobilier ;
  • Une attestation de prise en compte de la réglementation thermique et de la performance énergétique doit être délivrée à l’achèvement des travaux. Elle s’appuie sur le DPE et engage la responsabilité du constructeur et du maître d’ouvrage.

Des aides financières pour encourager la rénovation énergétique

Parce que la rénovation énergétique est un vecteur important d’efficacité énergétique, l’État a déployé toute une batterie d’aides financières à l’attention des ménages désireux d’améliorer l’isolation de leur logement et de diminuer leurs factures d’énergie.

L’ensemble de ces aides est compilé au sein d’un guide fourni par le ministère de l’Économie5 :

  • MaPrimeRénov s’adresse à tous les propriétaires. Elle est calculée en fonction des revenus et du gain écologique des travaux réalisés ;
  • L’éco-prêt à taux zéro permet à tous les propriétaires d’emprunter jusqu’à 50 000 €, sans avance de trésorerie ni de frais ;
  • Le dispositif « Coup de pouce économies d’énergie » dispense des aides supplémentaires aux ménages en situation de précarité énergétique ;
  • Les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE) contraignent les fournisseurs d’énergie à participer au financement des travaux d’économie d’énergie ;
  • Une TVA à 5,5 % pour certains travaux d’amélioration de la qualité énergétique, au sein des logements achevés il y a plus de 2 ans ;
  • L’exonération de la taxe foncière par certaines collectivités, pour les ménages qui engagent des travaux d’économie d’énergie ;
  • De nombreuses aides locales permettent aussi d’améliorer la performance énergétique de son logement.